Le ministre des Affaires étrangères nommé par la junte a déclaré récemment en Algérie que la médiation entre la Cedeao et le Niger se poursuit et que bientôt les sanctions édictées par l’organisation communautaire seront derrière nous. A Niamey, il y a quelques semaines, le ministre togolais des Affaires étrangères, dont le pays coordonne la médiation de la Cedeao avec le Niger, a annoncé qu’il reviendra dans notre pays, en début janvier. Annoncée le 10 janvier 2024, cette mission est reportée, à la demande du Premier ministre. Nouvelle date proposée, le 25 janvier.
Des sources non officielles ont fait part d‘une visite discrète, la semaine dernière, du médiateur en chef nommé par la Cedeao, le président togolais Faure Gnassingbé, à Niamey. C’était sans doute dans la perspective de l’arrivée dans notre pays des ministres des pays membres de l’équipe de médiation, le 10 janvier 2024.
Dans un courrier adressé au ministre togolais des Affaires étrangères le Premier ministre Lamine Zeine a demandé le report de la mission de médiation au 25 janvier. Motifs invoqués : permettre la tenue du forum de dialogue national et faire face à d’autres impératifs, sans préciser lesquels. Le forum du dialogue national sera cette grande messe qui donnera des orientations sur la durée de la transition. C’est, en effet, un prétexte mis en avant par la junte pour vouloir peser sur les négociations. Triés sur le volet, les délégués au dialogue national pencheront vers une durée plus longue telle que voulue par le chef de la junte qui, on se rappelle, avait très tôt annoncé que la transition n’excédera pas 3 ans. Mais le forum peut valider les 3 ans ou plus comme base de négociations étant entendu que la Cedeao et d’autres partenaires du Niger penchent plutôt pour une durée moins longue. La junte dira allègrement à la médiation que c’est le peuple qui a décidé de la durée alors que les Nigériens n’ont jamais été consultés.
On se rappelle que la durée de la transition ainsi que la libération du président Mohamed Bazoum sont les préalables posés par la Cedeao avant tout allègement des sanctions économiques et financières qui frappent durement le Niger.
Manifestement, la junte, fidèle à ses habitudes, ne se lassera pas de jouer la montre pour apparaitre comme maitresse du jeu et vouloir imposer son agenda. En d’autres termes, elle voudra que ce soit sa démarche qui prévaudra lors des négociations. Cette posture est sous-tendue par des idées souverainistes et néo populistes, véhiculées à profusion par divers soutiens de la junte tapis dans la société civile. C’est au nom de ces idées qu’ils recommandent le départ du Niger de la Cedeao et de l’Uemoa. Pourtant, les pays qui les inspirent à savoir le Mali et le Burkina Faso n’ont jamais franchi ce Rubicon. Ils ont plutôt renforcé leur coopération avec les organisations sous régionales et maintenu leurs relations avec les pays occidentaux que nos fameux souverainistes pourfendent à longueur de temps.
Peut-on croire à une posture dialogique de la junte après les vives attaques au vitriol de ses animateurs contre ceux qui sont favorables à des concertations en vue d’une sortie de crise rapide ? Peut-on espérer un nouveau déclic après le contact téléphonique entre le général Tiani et le président comorien, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine ? Rien n’est absolument sûr. Car avec une junte abonnée aux revirements spectaculaires, illogiques les uns comme les autres, on ne peut avoir qu’un optimisme mesuré. Ce d’autant que le CNSP emprunte les argumentaires des juntes malienne et burkinabé à l’excès. Dans ces pays voisins, la durée de la transition est devenue interminable : le retour à l’ordre constitutionnel semble être comme l’horizon ; il s’éloigne à mesure que l’on s’y approche.
Ce que les juntes de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont en commun, c’est cette volonté de s’éterniser au pouvoir. Autre programme qu’elles mettraient en œuvre : la promotion de la polygamie, dixit Choguel Maiga, Premier ministre de la junte malienne dont le pays tient le leadership de l’AES.
La rédaction