Un nouveau coup de tête de la junte. Trois chefs d’Etat décident eux-seuls de retirer le Burkina, le Mali et le Niger de la CEDEAO avec, disent-ils, effet immédiat. Sans consulter les peuples infantilisés. Qu’est-ce qui fait courir les juntes sahéliennes ? La réponse est simple : diriger les 3 pays à huis clos, et remettre aux calendes…sahéliennes le retour à l’ordre constitutionnel.
Cette décision inopportune fera date parce qu’elle comporte plus d’inconvénients pour ces 3 pays enclavés qui abandonnent un espace plus large, la CEDEAO, pour un micro ensemble, l’AES, dont on se demande c’est quoi son présent et son futur.
Que gagne le Niger ? Rien car les inconvénients pèsent plus lourd. D’un point de vue symbolique, force est malheureusement de constater que notre pays est devenu un Etat vassal du Mali qui décide et imprime la marche à suivre, en créant un « machin » de sa politique extérieure dénommé l’AES. Quoi qu’on dise, la CEDEAO a son importance et reste la communauté économique régionale de l’Union africaine la plus dynamique.
Pour faire montre de leur peu de cas des lois et règlements, les juntes du Burkina, du Mali et du Niger ont royalement ignoré les dispositions pertinentes du Traité révisé de la CEDEAO relatives au retrait d’un Etat membre. Il faut notifier la décision un an avant. Dans le cas d’espèce, c’est par un simple communiqué que la CEDEAO a appris la décision. Normalement, à cette étape, elle est nulle et de nul effet.
Acceptons que la décision est actée. Les conséquences sont fâcheuses et se résument comme suit : perte des libertés de circulation, de résidence pour les ressortissants des pays sortants, augmentation des tarifs douaniers, difficultés d’importation et d’exportation des produits, isolement économique et fluctuation de la monnaie, difficultés de transfert des fonds et d’investissement, accroissement des coûts de transport à partir des pays de la CEDEAO, perte d’emplois pour nos compatriotes qui travaillent dans les structures de la CEDEAO, perte des projets régionaux structurants comme celui relatif à l’électrification dont le lancement a été fait à Niamey, en 2022, par le président Mohamed Bazoum en présence du président Nana Akufo du Ghana, alors président en exercice de la CEDEAO. Un autre projet structurant qui devrait profiter au Niger, c’est la construction des voies ferrées qui devraient relier plusieurs pays de la sous-région, etc.
L’AES nous offre mieux que tout ça ? Evidemment, non. A cette date, elle peine même à assurer la libre circulation des personnes et des biens. A maintes reprises, les routiers nigériens ont fait part de la misère qu’ils subissent en traversant le territoire du Burkina Faso sur fond de rackets et d’humiliations diverses.
Le Niger est embarqué dans une aventure dont il ignore les motivations. On ne peut pas lâcher le Nigeria pour le Burkina et le Mali. Ils sont des milliers, ces Nigériens, qui, chaque matin, partent au Nigeria pour avoir de quoi entretenir leurs familles. Imaginons le Nigeria qui leur impose le visa. Catastrophe. Il est dommage qu’une décision d’une telle gravité soit prise à l’instigation d’une certaine rue de Niamey, en ignorant les vraies aspirations de l’écrasante majorité des Nigériens.
Après la France dont les ressortissants sont montrés du doigt comme c’était le cas du Représentant Résident du Programme Alimentaire Mondial (PAM), une agence du Système des Nations-Unies, refoulé parce qu’il est de nationalité française, la CEDEAO, à qui le tour ? Sans doute, l’UEMOA, les bases américaines, italiennes et allemandes, la Francophonie et peut-être l’Union africaine.
Comme l’a tweeté Moussa Tchangari, « à ce rythme, on va certainement quitter les Nations-Unies dans un an, et dans dix ans, nous serons sur une autre planète…Nous avons besoin d’un monde à nous seuls, pour faire la sieste plus tranquillement et souverainement ».
La rédaction