Presque deux semaines déjà que le journaliste Ousmane Toudou est détenu à la gendarmerie. S’il s’agit d’une garde à vue, tout le monde connait sa durée légale par cœur : 48 heures renouvelables une seule fois. En l’espèce, cette interpellation est une violation des droits et libertés d’u citoyen.
Pourtant, l’Ordonnance n°2023-02 du 28 juillet 2023 portant organisation des pouvoirs publics pendant la période de transition, en son article premier, indique que « le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie réaffirme son attachement aux principes de l’Etat de droit et de la démocratie pluraliste ». A ce titre, le CNSP « …garantit, en outre, les droits et libertés de la personne humaine et du citoyen tels que définis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981… ».
Ces deux instruments internationaux font obligation aux gouvernants de respecter les libertés publiques et individuelles comme les libertés d’opinion, d’expression, de la presse, etc. Selon plusieurs sources concordantes, notre confrère Ousmane Toudou a été interpellé pour un article qu’il a publié, il y a 7 à 8 mois, au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet où il a donné son appréciation de la rupture de l’ordre démocratique. Il est dans son bon droit dès lors que l’Ordonnance que la junte a elle-même élaborée lui en donnait cette opportunité. Il a usé de la liberté d’opinion qui est attachée à tout être humain indépendamment des contextes sociopolitiques. Mieux, le CNSP a pris l’engagement de respecter cette liberté et toutes les autres parce qu’il s’était inscrit dans une logique de restauration de l’ordre démocratique au Niger. Le texte publié par notre confrère est couvert par l’engagement du CNSP parce qu’il est postérieur à l’Ordonnance du 28 juillet 2023. Logiquement, personne ne saurait douter de la parole de ces officiers à commencer par les journalistes qui n’existent qu’en vertu de leur liberté d’opinion.
Rien ne saurait justifier l’interpellation du journaliste Ousmane Toudou d’autant plus que l’opinion qu’’il a exprimée sur la marche de son pays n’a donné lieu à aucun trouble à l’ordre public.
Cette interpellation pourrait être interprétée comme le symbole du raidissement de la junte qui n’entend pas permettre aux voix discordantes d’exprimer leur opinion. Dans les deux autres pays de l’AES que sont le Burkina et le Mali, les voix discordantes sont vite étouffées pour ainsi cacher les failles d’une gouvernance hasardeuse et irrationnelle.
Dans la situation que connait notre confrère Ousmane Toudou, le plus déplorable est le silence assourdissant des organisations socioprofessionnelles du secteur des médias dont l’un des rôles est la promotion et la préservation de la liberté de la presse et la sécurité des journalistes. Comme le rappelle la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), il n’y a pas de liberté de presse lorsque les journalistes exercent dans des conditions de peur.
La rédaction