La Compagnie Nationale de Transport des Produits Stratégiques (CNTPS) est une société que l’Etat du Niger a créée en 2009 pour assurer le transport de produits stratégiques ultra dangereux. Chaibou Tchanga Tchaloumbo est un cadre lié à cette Société par un contrat à durée indéterminée (CDI). Il a obtenu une disponibilité en bonne et due forme pour aller se former en Europe. Curieusement au lieu d’accéder à la demande de renouvellement de sa disponibilité, grande fut sa surprise de voir le nouveau Directeur Général lui intimer l’ordre de reprendre le service le 15 mai dernier.
Pourtant, cette société à laquelle Chaibou Tchanga est lié par un CDI a des difficultés de fonctionnement depuis le coup d’État qui l’a contrainte à renvoyer tous les agents en chômage technique exceptés les 2 directeurs, le chef du personnel et le comptable. Le siège social sis à Tahoua a été fermé, les parcs y compris. Il faudrait préciser que les difficultés de la CNTPS sont inhérentes à la fermeture de la frontière avec le Bénin dont le port est utilisé pour le transport des explosifs et de l’uranate en partance de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAIR).
Au regard du refus de renouveler sa disponibilité pour achever ses études, le pauvre étudiant se pose mille et une questions à savoir comment une société qui met en chômage technique les chefs services exploitation, maintenance, magasin, va demander à un documentaliste de reprendre son poste pour nécessité de service, juste parce qu’il est en France ? La situation intrigue. Les raisons de cette cabale ont une motivation autre que professionnelle. Surtout que le Colonel-major Abdou Miko n’attend que le 26 juin pour signer son licenciement, apprend-on. En effet, dans la correspondance adressée à Chaibou Tchanga, le Directeur général après avoir notifié son refus de renouveler la disponibilité, il lui donne un ultimatum en ces termes : « Je vous invite, par conséquent, à reprendre service au plus tard le lundi, 25 juin 2024, faute de quoi vous serez considéré comme démissionnaire. »
« La décision s’apparente à un règlement de comptes du Directeur d’exploitation et du DG qui m’en veulent pour mes convictions de soutenir ouvertement le président Bazoum et de dénoncer les tares de cette junte », nous a confié Chaibou Tchanga contacté par nos soins. Et d’ajouter : « Pour s’en convaincre, il y a un agent qui a pris une disponibilité bien avant moi mais qui n’a jamais été rappelé ».
Chaibou Tchanga a donné ses opinions sur la marche de son pays en cohérence avec ses convictions démocratiques et républicaines. « La procédure de mon licenciement de la CNTPS par ces militaires, à défaut de m’emprisonner, ne me surprend pas. Mais je trouve ridicule ce deux poids, deux mesures… À travers cet acte, les citoyens vont peut-être ouvrir les yeux et exiger le retour à la démocratie et à l’Etat de droit. La survie de notre pays en dépend », a conclu Chaibou Tchanga. Le mieux à faire est d’encourager des jeunes comme Chaibou à aller se former et bien se former. C’est le Niger qui gagne.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 30 Mai 2024