Dans son premier message à la Nation au lendemain de son coup d’Etat, le général Abdourahamane Tiani, a fait des promesses. A l’épreuve des faits, que sont devenues ces promesses 11 mois après ?
La question sécuritaire et la gouvernance ont été les deux prétextes avancés par la junte pour s‘emparer du pouvoir. Ces prétextes ont été repris par Tiani dans ses prises de parole publiques. En effet, il n’est un secret pour personne que la situation sécuritaire s’est dégradée davantage depuis le 26 juillet avec la persistance des attaques terroristes qui endeuillent les populations nigériennes.
Les paroles fortes du président du CNSP sur la nécessité de revoir l’approche sécuritaire n’ont malheureusement pas été suivies d’actions concrètes et efficaces pour protéger les citoyens et assurer la stabilité du pays. Qu’est ce qui peut expliquer ce paradoxe ? Motus et bouche cousue.
En ce qui concerne la lutte contre la mauvaise gouvernance, les actions du CNSP ont soulevé des inquiétudes. L’ordonnance 2024-05, conçue pour faciliter des dépenses en dehors des procédures légales, a suscité des critiques quant à l’utilisation des ressources publiques. Au lieu de mettre fin à la corruption et à l’impunité, le CNSP semble avoir ouvert la voie à des pratiques douteuses qui vont à l’encontre des intérêts du peuple nigérien.
Par ailleurs, les promesses de tenir des assises nationales pour mettre en place une transition démocratique et instaurer de nouvelles institutions ont été reléguées au second plan. Les institutions de la transition comme l’Observatoire National de la Communication, l’Observatoire National des Droits de l’Homme, le Conseil Constitutionnel, entre autres, tardent à voir le jour, laissant planer un doute sur la volonté réelle du CNSP de mettre en route la transition politique.
Face à ce constat amer, il est légitime de se demander ce qui bloque le CNSP dans la réalisation de ses promesses. S’agit-il d’un manque de volonté politique, de difficultés techniques ou d’une stratégie délibérée pour maintenir le statu quo ? Les prochains jours permettront peut-être d’apporter des réponses à ces interrogations et d’évaluer la capacité du CNSP à répondre aux attentes du peuple nigérien.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 13 Juin 2024