Des sources concordantes renseignent que Issoufou Mahamadou alias T3 tente de ressusciter la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN). C’est Alkassoum Indatou et Mme Hadiza Ousseini dite Mme OG qui dirigeraient le comité de réflexion dans lequel siègent des représentants de l’ANDP, du CPR Inganci, le porte parole du regroupement autour du MNSD, apprend-on. Pour rappel, les partis politiques Lumana, MNSD et Jamuhuriya avaient créé un cadre de réflexion au retour de Hama Amadou d’exil après les évènements du 26 juillet. L’initiative que certains analystes avaient qualifié de tentative de réhabilitation du MNSD-Nassara. Regard sur le baroud d’honneur d’Issoufou.
« Le PNDS Tarayya aile putschiste n’a réussi jusque là à fédérer formellement autour de lui que les partis suivants : le RDP de Algabit, l’ANDP de Barazé, le parti Ingantchi de Kassoum Moctar, le parti de l’ancien ministre de l’élevage Tijani, le parti Mafita de Dan Baba», a écrit Oumar Moussa sur Facebook.
Les réunions continuent dans une des 6 villas de Combo (la résidence actuelle d’Issoufou) transformée en siège politique en vue de faire adhérer d’autres formations politiques. Tous les moyens sont bons pour y parvenir : promesses mirobolantes, chantage, intimidations, a précisé le Dircaba du Président Bazoum.
Oumar Moussa a également eu vent qu’une fois que : « les chefs civils du putsch se sentiront prèts, ils instruiront leurs obligés en Kaki de réautoriser les activités des partis politiques ; ce que l’obligé fera, envers et contre tout… ».
Il y a comme qui dirait, la vérité derrière la rumeur. Un confrère avait annoncé dans son édition de la semaine passée que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) “ s’apprête à libérer l’espace politique”. En effet rapporte La Roue de l’Histoire : “Selon des sources bien informées, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) s’apprête à libérer l’espace politique pour permettre aux partis politiques de jouer les partitions dans la marche actuelle du pays. Comme on le sait, au lendemain du coup d’état du 26 juillet 2023, les activités des partis politiques avaient été suspendues sur toute l’étendue du territoire national. Pas de meetings, pas de déclarations, pas de congrès, pas de mobilisation des militantes et militants, a décidé le CNSP pour éviter tout incident. Aujourd’hui 10 mois après cette suspension, certains milieux proches du CNSP avancent que la mesure pourrait être levée dans les prochains jours”.
C’est dire que Issoufou Mahamadou ne chôme pas. Le sort de Bazoum ainsi que les autres ténors du parti injustement incarcérés fait partie de son dernier souci. Le médiateur autoproclamé des évènements du 26 juillet a fini par révéler son vrai visage. Les masques tombés, Issoufou et ses valets qui ont joué un rôle décisif dans la réalisation de leur forfaiture se préoccupent plutôt de capitaliser les acquis de la situation ainsi créée dont ils sont commanditaires. Leur rêve c’est comment mobiliser la classe politique pour constituer une nouvelle majorité pour que le soldat Issoufou Mahamadou rempile. Sauf que ces ringards avec leurs oripeaux de traitres feignent d’ignorer l’image hideuse et inhumaine que les Nigériens retiennent d’eux après avoir commis une sorte d’inceste ou sacrilège à l’encontre de leur camarade Mohamed Bazoum. Qui pourrait désormais faire confiance en politique à Issoufou Mahamadou ? L’homme fait face à son ultime trahison. Pour avoir bousculé les lois du cosmos, la posture infâme d’Issoufou Mahamadou est surréaliste voire tragique sur le plan politique. Comment oserait-t-il penser qu’il est possible pour lui de se remettre en selle et espérer diriger de nouveau le Niger au moment où beaucoup de voix s’élèvent pour réclamer sa peau et la reddition des comptes pour sa gestion scandaleuse de 10 ans ? Même si Issoufou et ses sbires semblent amnésiques, il faut dire que les choses ne sont plus comme avant. Il y a comme qui dirait, de l’électricité dans l’air. Le landerneau politique réservera beaucoup de surprises à ces manipulateurs narcissiques qui considèrent la politique comme une répétition de crimes. Comment être au centre de tant de controverses et penser pouvoir s’imposer encore aux Nigériens ? Il faut être obnubilé par les délices du pouvoir pour ne pas se reprendre. Il est permis de rêver, dit-on.
Un casse tête chinois pour Issoufou Mahamadou
Il faut dire que l’agenda initial d’Issoufou Mahamadou reposait sur la mise à l’écart de Mohamed Bazoum, une transition de courte durée, la mise en place d’un conseil consultatif qui serait dirigé par un de ses hommes liges puis la rédaction d’une nouvelle constitution où le mandat présidentiel passera de cinq à sept ans. Et le tour est joué, Issoufou Mahamadou se fera investir candidat par le PNDS-Tarayya. Mais l’homme propose, Dieu dispose, dit-on. Les camarades et tombeurs de Bazoum avaient pensé que ce dernier allait vite capituler. Issoufou lui a suggéré cette sournoise idée en lui faisant croire que Tiani avait atteint le point de non retour. Bazoum devrait donc faciliter les choses pour que l’agenda d’Issoufou se réalise. A l’épreuve des faits, non seulement Bazoum n’a pas joué le jeu mais aussi on se rend à l‘évidence de plus en plus que l’ influence d’Issoufou sur la junte est désormais très relative. Il entretient une sorte de liaison dangereuse avec la junte où autant il estime manipuler les militaires autant ces derniers comme soldats pourraient l’utiliser pour atteindre leur objectif. Dans l’optique de l’AES, la junte pourrait opter pour les exemples de ses sœurs du Mali et du Burkina à savoir une longue période de transition et une candidature militaire.
L’autre réalité à prendre très au sérieux, c’est le fait qu’aujourd’hui “l’aile Bazoum est majoritaire au sein du PNDS-Tarayya même à Tahoua du fait de la trahison inacceptable par les populations”, nous a confié un leader rose. En plus de l’opposition interne qui a fragilisé Issoufou Mahamadou, il y a sans conteste l’opposition politique d’hier qui a pesé de tout son poids pour qu’il y ait un équilibre de la terreur au sein de la junte. Cela est d’autant vrai que certains du clan Issoufou avouent clairement que l’opposition a phagocyté leur plan de sorte qu’ils ne maitrisent plus les choses comme prévu. Cela est bien redoutable pour le clan Issoufou Mahamadou qui avait misé seulement sur le machiavélisme de son mentor habitué à faire et défaire les affaires au Niger.
A l’étape actuelle, on voit bien qu’Issoufou Mahamadou n’est adoubé que par des bras cassés, des partis politiques sans envergure et sans véritables leaders capables de mobiliser grand monde. Les grands leaders comme Hama Amadou, Mahamane Ousmane, Seini Oumarou et Albadé Abouba ont apparemment d’autres chats à fouetter. Même si par le passé, T3 a eu à embarquer Seini et Albadé, cette fois-ci tout ce beau monde craint le monstre politique qu’est devenu Issoufou Mahamadou. Ces leaders se demandent certainement : “si Issoufou a trahi Bazoum finalement qui pourrait désormais lui faire confiance ?”
S’agissant de Albadé Abouba, selon une source bien renseignée, le leader de Jamuhuriya a bel et bien compris que Issoufou Mahamadou voudrait revenir. Et comme Abadé n’est pas prêt à jouer le second couteau, il regarde ailleurs notamment du côté du cadre créé avec Hama et Seini.
Quant à Kassoum Moctar, il a certes démenti le fait d’être associé à la réhabilitation de la MRN sur la page Facebook du Souffle de Maradi. Il a estimé Inganci n’entreprendra rien tant que les activités des partis politiques ne sont pas autorisées par le CNSP. Mais au regard de son attachement à T3, il faudrait prendre ses propos avec des pincettes.
Si effectivement les grands leaders font front commun contre Issoufou et ses micros partis, autant dire que ce dernier va juste jeter l’argent par la fenêtre. Il fera surtout face à la réalité politique sur un terrain politique miné pour lui. Il comprendra que l’achat des consciences et le clientélisme ont des limites en politique lorsqu’on se comporte en iconoclaste.
Quand on observe les forces politiques en présence, la principale remarque c’est que le groupe autour d’Issoufou comme le front autour de Hama Amadou sont tous putschistes, il n’y a aucun engagement pour la défense et la restauration de la démocratie. C’est dire que ces leaders de tout bord prennent de liberté par rapport à notre histoire politique où chaque fois que notre processus démocratique est interrompu, il se constitue un front composé des forces politiques et de la société civile pour le retour à l’ordre constitutionnel. C’était le cas sous le Général Baré Mainassara comme sous le tazarce de Tandja Mamadou.
Aujourd’hui il n’y a qu’au sein de l’aile PNDS pro Bazoum où le combat pour la restauration de la démocratie est clairement affirmé et assumé. Pour les militants pro Bazoum, la restauration de la démocratie doit être arrachée par la lutte et non comme un cadeau des putschistes à l’issue d’une transition dont la fin est improbable. Et pour la restauration de notre processus démocratique, un leader rose pro Bazoum nous a confié : “ les partis doivent se démarquer de la dictature et condamner la mauvaise gouvernance de la junte”. Les autres leaders pourraient-ils composer avec l’aile du PNDS favorable à Bazoum pour la restauration de la démocratie véritable ? “Le temps est un juge impitoyable. Tôt ou tard, il remet chacun à sa place”, dit-on.
Elh. M. Souleymane
L’Autre Républicain du jeudi 6 Juin 2024