Le Niger, pays sahélien où la température moyenne annuelle atteint 35 degrés Celsius, fait face à d’importants défis environnementaux. Dans un contexte de changement climatique, la nécessité de préserver et de restaurer les écosystèmes devient une nécessité dans un pays où la désertification et la déforestation menacent la vie et l’économie. C’est dans ce cadre que s’inscrit la fête de l’arbre, célébrée chaque année le 3 août, jour anniversaire de l’indépendance du pays.
Dans un pays aride comme le Niger, l’arbre n’est pas seulement une ressource naturelle, mais également un élément fondamental du tissu social et environnemental. Les arbres offrent de l’ombre, protègent les sols de l’érosion, contribuent à la régulation du climat local et fournissent des ressources telles que le bois de chauffage et les fruits. De plus, les forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en stockant le carbone et en préservant la biodiversité. Dans un contexte où les températures augmentent et où les pluies se font de plus en plus irrégulières certaines années, la plantation d’arbres devient une nécessité pour garantir la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau.
La célébration de la fête de l’arbre dans le temps
Contrairement aux idées reçues, la fête de l’arbre au Niger trouve ses racines dans l’histoire coloniale du pays. Un arrêté du gouverneur de la colonie du Niger, daté du 25 janvier 1937, institue une journée dédiée à la plantation d’arbres dans les villes et les écoles. Cette initiative visait à sensibiliser la population à l’importance de la reforestation dans un pays où la déforestation commençait à se faire sentir. Après l’indépendance, cette tradition a été perpétuée. En 1964, un article du journal gouvernemental évoque déjà l’importance de la plantation d’arbres dans les festivités marquant le quatrième anniversaire de l’indépendance.
Le 3 août 1975, sous le régime du Conseil Militaire Suprême (CMS), la plantation d’arbres est à nouveau inscrite au programme des festivités, renforçant ainsi l’idée que la lutte contre la déforestation et pour la préservation de l’environnement sont des priorités nationales. Ce lien entre l’indépendance nationale et la protection de l’environnement est devenu un symbole fort, unissant la population autour d’une cause commune.
Avec l’avènement de la 7ème République du Niger, la fête de l’arbre a pris une nouvelle dimension. Chaque année, les autorités célèbrent cette journée en l’associant à la fête de l’indépendance. Ainsi, un thème spécifique est choisi et une région est désignée pour accueillir les festivités, une semaine avant le 3 août. Cette année, avec l’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), la célébration officielle s’est tenue dans le village de Guesselbodi, dans la région de Tillabéri, où des milliers d’arbres ont été plantés.
Le décret du 31 juillet 2024, pris en conseil des ministres, faire du 3 août, journée nationale de l’arbre, a pour but d’ancrer juridiquement cette célébration dans le calendrier national. Cependant, il est important de noter que cette fête est déjà profondément ancrée dans les habitudes des Nigériens, transcendant les formalités administratives.
Une mobilisation collective
La fête de l’arbre est également l’occasion d’une mobilisation collective. Dans toutes les régions du Niger, des organisations de la société civile, des ménages et des individus se joignent à l’initiative en plantant des arbres sur des sites sélectionnés. Cette dynamique participative renforce le sentiment d’appartenance à une communauté engagée pour la préservation de son environnement. Chaque plantation d’arbres devient un acte symbolique et concret de résistance face aux défis écologiques que rencontrent les Nigériens au quotidien.
En couplant la commémoration de l’indépendance à la préservation des ressources naturelles, le Niger se positionne comme un acteur engagé dans la lutte contre le changement climatique. À travers la plantation d’arbres, le pays réaffirme son attachement à la terre et à son avenir. Dans un monde où les défis environnementaux sont de plus en plus pressants, la célébration de cette fête prend une dimension encore plus significative.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 8 aout 2024