C’est un ouf de soulagement qui a suivi la libération, vendredi dernier, de six militaires nigériens détenus depuis près de trois mois par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM). Ces militaires avaient été faits prisonniers suite à l’attaque du poste avancé de Boni, non loin de la frontière avec le Burkina Faso. A cette occasion, plusieurs de nos soldats avaient perdu la vie, et des véhicules et armements emportés par les assaillants. Quelques jours après, une vidéo montrant les six militaires dans leur lieu de captivité avait circulé où ils sollicitaient des autorités en place de faciliter leur libération.
C’est ainsi que sous la direction du responsable de la DGDSE (Direction Générale de la Documentation et des Services Extérieurs), un comité a travaillé pour entrer en contact avec le JNIM afin d’obtenir la libération des otages.
Pour rappel, c’est pratiquement le même comité que le président Mohamed Bazoum avait mis en place pour favoriser le repenti des combattants qui souhaitent revenir dans la République, en déposant les armes et en renonçant à la violence. Beaucoup de combattants avaient accepté l’offre, en son temps. Ce comité était composé des ressortissants de la zone des trois frontières, qui ont une bonne connaissance tant de l’environnement que des acteurs animant le JNIM.
De guerre lasse, la junte a donc fait appel à la recette du président Bazoum avec les mêmes acteurs. Pourtant, on a entendu, après le coup d’Etat du 26 juillet 2023, des voix s’élever pour dénoncer le fait que le président Bazoum ait accepté de prendre langue, à travers ses émissaires, avec les groupes armés afin d’obtenir la reddition des combattants et le retour de la paix.
Le président Bazoum avait été particulièrement accusé d’avoir fait libérer des terroristes en contrepartie. Certains qui le disent omettent volontairement de dire que c’est la justice qui les a libérés, parce qu’ils étaient dans les liens de celle-ci, et certains d’entre les personnes élargies étaient d’un certain âge. En son temps, il avait été demandé à la justice d’examiner la possibilité de libérer certains détenus triés sur le volet et dont on sait qu’ils ne présentent pas de menaces potentielles à la paix.
Libération sous conditions ?
Dans l’euphorie de la libération de nos six militaires, qui est à saluer, on ne dit pas les conditions posées par le JNIM. Car, il est de notoriété publique que les groupes armés terroristes ne lâchent rien sans contrepartie, que ce soit en argent ou par la libération de certains de leurs combattants. Dans ce cas-ci, qu’est-ce qui s’est réellement passé ? Est-ce que, comme certains le prétendent, des terroristes détenus dans certaines prisons ont bénéficié d’une mesure de libération exceptionnelle ? Est-ce qu’une rançon avait été versée au JNIM ? Si oui, de quel montant ? Est-ce que la junte a formulé une demande de trêve à laquelle le JINIM n’aurait pas encore donné une suite favorable?
Sans doute, la junte s’est rendu bien compte des réalités de la gestion du pouvoir d‘Etat : la junte fait exactement ce que Bazoum avait fait en son temps à la différence que ce dernier impliquait fortement les membres du Conseil National de Sécurité, qui est composé de l’ensemble des responsables des Forces de Défense et de sécurité. En outre, le président Bazoum refusait de verser des rançons, qui est un des moyens que les groupes terroristes utilisent pour se financer.
Le procès volontairement tendancieux fait au président Bazoum sur la connivence avec les groupes terroristes pour avoir autoriser qu’une communication soit établie avec eux pour le retour de la paix est, comme on le voit, une odieuse méprise parce qu’il est en déphasage avec la réalité.
Négocier la libération de nos soldats faits otages est une bonne chose tout comme le dialogue pour l’arrêt des attaques terroristes et le retour de la paix dans la partie ouest de notre pays.
Après cette expérience vécue par la junte, il y a lieu de saluer la démarche holistique du président Bazoum qui associait l’option militaire, le développement des zones affectées par le conflit, le dialogue intercommunautaire, la sécurité de proximité, le retour dans leurs villages des populations déplacées internes et le dialogue avec des émirs et combattants des groupes armés prêts à se repentir. Conséquence : la sécurité et la stabilité reviennent dans des zones du conflit. Car pour lui, rien ne vaut la paix et la sécurité. Comme on le dit couramment, « la sagesse ne peut venir que de l’expérience ». N’est-ce pas le CNSP ?
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 22 août 2024