Les récentes révélations sur les pratiques controversées au sein de la Commission Nationale d’Éligibilité au Statut des Réfugiés (CNE) jettent une ombre préoccupante sur le management de cette structure. Après avoir été déjà épinglée pour des licenciements abusifs et du népotisme, la Directrice Générale de l’État Civil, des Migrations et des Réfugiés (DGECM-R), se retrouve de nouveau dans la tourmente. Cette fois, c’est un processus de recrutement avorté qui soulève de sérieuses interrogations sur la légitimité et la transparence des décisions prises sous sa houlette.
Le 5 août 2024, un appel à candidatures pour des postes de prestataires à Tahoua, Maradi et Ouallam avait suscité, selon certaines sources, l’intérêt de plusieurs centaines de postulants. Ces derniers espéraient accéder à des postes d’agents de vérification, de saisie, d’enregistrement ou de gestion de foule. Cependant, au début du mois, la Directrice Générale a pris la décision inattendue d’annuler ce recrutement par le biais de l’arrêté N°000109/MI/SP/AT/DGECM-R/DR. Cette action, en apparence justifiée par une intention de régularité administrative, soulève de nombreuses questions.
En dépit de cette annulation officielle, selon nos sources, des informations ont émergé concernant la diffusion clandestine d’une liste de prestataires pour la région de Maradi. Bien que cette liste n’ait pas été validée par les canaux appropriés, elle révèle que certains candidats ont été recrutés en dépit de l’annulation du processus. Cette situation ne fait qu’aggraver les doutes quant à la transparence et l’intégrité de la gestion au sein de la CNE.
Il est légitime de s’interroger sur les critères de sélection qui ont présidé à l’élaboration de cette liste « fantôme ». Sur quelle base légale ou éthique a-t-elle été constituée ? La DG semble opérer en dehors des normes établies, contournant les procédures officielles sans fournir d’explications claires. Cette série de décisions arbitraires témoigne d’un mépris flagrant envers les milliers de candidats légitimes qui ont postulé dans l’espoir de contribuer à une mission essentielle de service public.
Le manque de transparence, couplé à des accusations de favoritisme, pose un sérieux problème pour la structure. Quelles sont les motivations réelles derrière cette gestion opaque ?
Cette situation ne peut être tolérée dans un pays qui se veut équitable et juste. La confiance du public envers les institutions est déjà mise à mal par ces pratiques, et il est impératif que des mesures soient prises pour restaurer la légitimité de la CNE.
Il est urgent que les instances de contrôle et de régulation se penchent sur ces abus manifestes. La mise en place de mécanismes de transparence et de redevabilité est essentielle pour garantir que les décisions prises au sein de la DGECM-R respectent les normes éthiques et légales en vigueur. La société civile, ainsi que les médias, doivent également jouer un rôle actif dans la dénonciation de ces pratiques.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 19 septembre 2024