« Il est urgent que les responsables politiques africains et internationaux prennent leurs responsabilités et agissent pour obtenir la libération immédiate de Mohamed Bazoum et le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger. »
C’est ce qui ressort d’une tribune qu’un collectif international de personnalités, parmi lesquelles figurent des Prix Nobel comme le médecin congolais Denis Mukwege et l’écrivain nigérian Wole Soyinka, des intellectuels, ainsi que des juristes, vient de publier dans le journal Le Monde, où ils appellent à la libération immédiate du président nigérien Mohamed Bazoum. Renversé lors du coup d’État militaire du 26 juillet 2023, Bazoum, démocratiquement élu deux ans plus tôt, est retenu en captivité avec son épouse, Hadiza, dans des conditions extrêmes, sans accès à l’extérieur hormis la visite de son médecin. Depuis octobre 2023, il lui est même interdit de communiquer, après qu’on lui a confisqué son téléphone.
Une procédure judiciaire controversée a été menée par un tribunal ad hoc créé par la junte, aboutissant à la levée de son immunité présidentielle et à la perspective d’un procès devant un tribunal militaire. Ce qui fait craindre le pire, d’autant que la peine capitale pourrait être envisagée.
Le collectif souligne que ce coup d’État vise à punir Bazoum pour son engagement en faveur des libertés et de l’État de droit, ainsi que pour sa lutte résolue contre la corruption au sein de son propre parti politique, le PNDS TARAYYA. Bazoum avait lancé des poursuites judiciaires contre de hauts responsables, rompant ainsi avec la culture de l’impunité.
Les signataires, parmi lesquels figurent également Michaëlle Jean, ancienne secrétaire générale de la Francophonie, et des experts des droits de l’homme comme Reed Brody, appellent les dirigeants africains et internationaux à ne pas rester indifférents face à cette situation. Ils exhortent la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour obtenir la libération de Bazoum et de sa famille, ainsi que le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger.
Le collectif déplore l’indifférence croissante de la communauté internationale, malgré les appels initiaux de l’ONU et de la CEDEAO en faveur de la libération de Bazoum.
Tandis que la communauté internationale semble de plus en plus silencieuse. Il est urgent de mettre fin à l’arbitraire et à l’injustice infligés à un président élu, dont le seul crime serait d’avoir voulu faire respecter les principes de transparence et de gouvernance.
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ℹ️Premiers signataires :
- Michel Boyon, conseiller d’Etat honoraire, avocat au barreau de Paris;
- Reed Brody, procureur spécialisé dans les crimes de guerre, avocat au barreau de New York;
- Robert Goldman, professeur, président de la Commission internationale de juristes;
- James Goldston, directeur exécutif d’Open Society Justice Initiative;
- Michaëlle Jean, ancienne secrétaire générale de la francophonie;
- Florence Loan, bâtonnière dauphine de l’ordre des avocats de Côte d’Ivoire;
- Achille Mbembe, Prix Holberg 2024 pour les arts et les lettres, les sciences humaines, le droit et la théologie;
- Denis Mukwege, gynécologue, Prix Nobel de la paix 2018;
- Erik Orsenna, membre de l’Académie française, écrivain, conseiller d’Etat honoraire;
- Kenneth Roth, professeur à l’université de Princeton, écrivain, ancien directeur exécutif de Human Rights Watch;
- Amrit Singh, directrice exécutive du laboratoire de l’Etat de droit à l’université Stanford;
- Yasmin Sooka, avocate directrice exécutive de la Fondation pour les droits de l’homme en Afrique du Sud;
- Wole Soyinka, professeur, écrivain, Prix Nobel de littérature 1986.