La situation des inondations au Niger est devenue une préoccupation pressante pour le gouvernement et les citoyens. Lors de la session du 10 septembre 2024, le Comité de Prévention et de Gestion des Inondations, dirigé par le Premier ministre Ali Lamine Mahaman Zeine, a mis en place des mesures d’urgence pour faire face à cette crise. D’importantes quantités de vivres et des kits non alimentaires, comprenant des moustiquaires, des tentes et des couvertures, ont été affectées aux ménages sinistrés dans les zones touchées, apprend-on. Cependant, des questions fondamentales se posent quant à l’efficacité et à l’équité de cette aide.
Tout d’abord, il est essentiel de souligner que, bien que le gouvernement ait pris des mesures pour fournir une assistance immédiate, les critères d’attribution de cette aide d’urgence n’ont pas été clairement définis. Les mécanismes de distribution et les régions bénéficiaires n’ont pas été précisés, laissant planer un doute sur l’équité de l’opération. Les rumeurs de détournement de vivres dans certaines localités frappées par les inondations alimentent également des inquiétudes quant à la transparence du processus. Dans un contexte où la confiance de la population envers les institutions est déjà fragile, ces incidents pourraient miner l’efficacité des efforts de secours.
Une autre dimension préoccupante de cette crise est la question de savoir si tous les ménages sinistrés ont réellement été pris en compte dans ces opérations. Loin d’être une action ciblée, il semble que certains ménages, bien que touchés par les inondations. Cette situation soulève des interrogations sur la pertinence de l’aide fournie, surtout dans un contexte de paupérisation généralisée où de nombreux foyers, même non touchés par les inondations, ont un besoin urgent de soutien alimentaire.
Au-delà de cette aide d’urgence, il est impératif que le gouvernement envisage des solutions à long terme pour les sinistrés. Relocaliser les populations touchées et les aider à reconstruire leurs habitations ne doit pas être une simple option, mais une nécessité. Identifier des sites de relocalisation est une étape importante, mais sans un accompagnement adéquat, les sinistrés se retrouveront à nouveau dans une situation précaire. Des programmes de reconstruction durable et de résilience face aux catastrophes doivent être mis en place pour garantir la sécurité des ménages.
Par ailleurs, le gouvernement doit également considérer l’importance de collaborer avec des partenaires nationaux et internationaux pour maximiser l’impact de son aide. Bien que l’opération sur fonds propres de l’Etat soit une démarche louable, elle ne devrait pas occulter la nécessité d’un soutien extérieur. Des appels à la solidarité des ONG notamment la croix rouge et le CICR, des agences du système des Nations Unies et des pays partenaires pourraient permettre de diversifier et d’augmenter les ressources disponibles pour faire face à cette crise.
Enfin, la rentrée scolaire approche à grands pas, et la situation des écoles dégradées par les inondations, ainsi que celles occupées par les sinistrés, doit être une priorité. Il est crucial de rendre ces établissements opérationnels avant la rentrée pour assurer la continuité de l’éducation des enfants. Le gouvernement doit agir rapidement pour garantir que les infrastructures scolaires sont remises en état, tout en prenant en compte les besoins des familles sinistrées.
Il faut se convaincre que la gestion des inondations au Niger nécessite une approche dynamique qui va au-delà de l’assistance immédiate. Le gouvernement doit non seulement garantir une aide équitable et transparente aux sinistrés, mais également mettre en place des mesures de relocalisation et de reconstruction à long terme. La collaboration avec des partenaires externes et la prise en compte des besoins réels des populations sont essentielles pour surmonter cette crise et construire un avenir plus résilient face aux aléas climatiques.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 19 septembre 2024