33.3 C
Niamey
16 janvier, 2025
spot_img

Cherté de la vie au Niger : Une situation insupportable pour les revenus faibles

Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, le Niger fait face à une crise socio-économique sévère, qui se traduit par une inflation galopante et une augmentation généralisée des prix sur les marchés. Cette situation difficile touche principalement les produits de consommation de base, impactant durement les citoyens nigériens, particulièrement ceux qui ont un faible revenu et qui voient leur pouvoir d’achat diminuer chaque jour davantage.

En effet, les prix des produits importés ne cessent de grimper. Ce phénomène touche également les produits locaux. Un exemple frappant de cette spirale inflationniste concerne des produits de première nécessité tels que le sac de riz de 25 kg, dont le prix est officiellement fixé à 13 500 francs à Niamey. Cependant, bien que le gouvernement ait mis en place des mesures pour encadrer ces prix au niveau de toutes les régions, il s’avère difficile d’assurer le respect de cette décision sur les marchés, en raison de l’inflexibilité et des pratiques de certains commerçants. Cela témoigne d’une crise structurelle qui s’aggrave à mesure que les mesures gouvernementales, malgré leurs bonnes intentions, peinent à s’imposer face à des réalités économiques et à la résistance des acteurs économiques du pays. On se rappelle que le sac de riz de 25 kg coûtait autour de 10.500 voire 11.000 francs, avant les événements du 26 juillet 2023. Aujourd’hui le sac de riz de 25kg se vend à 15 000 f à plus selon la qualité.

Les hausses des prix des produits de base ne sont pas uniquement dues à des facteurs externes, comme la fermeture des frontières. Elles sont également amplifiées par des pratiques spéculatives internes. Le contrôle de l’État sur ces pratiques reste insuffisant, ce qui laisse place à des abus. Un exemple significatif de cette tentative de régulation est la récente suspension de la licence d’importation du riz blanc aux Etablissements Houdou Younoussa, l’un des grands importateurs de ce produit au Niger. Bien que les raisons de cette décision n’aient pas été officiellement précisées, on peut supposer qu’elle vise à répondre à une gestion opaque des prix ou à lutter contre une spéculation qui contribue à l’envolée des coûts. Toutefois, cette action soulève des questions quant à la transparence des pratiques commerciales et à l’efficacité réelle de telles mesures dans le combat contre l’inflation.

Par ailleurs, l’accès aux produits de consommation au Niger demeure problématique. En effet, une grande partie de la population dépend des importations pour se procurer des biens essentiels. La fermeture des frontières, en particulier avec le Bénin, a aggravé cette dépendance et perturbé les chaînes d’approvisionnement, créant des pénuries et des hausses de prix supplémentaires. Bien que le corridor du Togo via le Burkina demeure ouvert, les échanges commerciaux et l’utilisation de cette route alternative plus coûteuse, périlleuse et à haut risque continue à peser sur les prix des produits. Cette situation met en évidence l’inefficacité des solutions ponctuelles et montre la nécessité d’une reprise complète et stable des circuits commerciaux moins risqués notamment la reprise du corridor du Bénin.

Apporter des réponses pérennes à la crise

Pour faire face à cette cherté de la vie, le gouvernement doit redoubler d’efforts dans plusieurs domaines. Il devient obligatoire d’instaurer une régulation plus stricte des marchés, notamment en ce qui concerne l’application des prix fixés par les autorités pour les produits de base. En parallèle, une plus grande transparence dans la gestion des ressources et des transactions commerciales est essentielle pour limiter l’influence de certains acteurs économiques qui profitent de la situation actuelle pour aggraver les inégalités. À ce titre, des mesures renforcées de contrôle, notamment sur les importations des produits stratégiques comme le riz, s’avèrent indispensables pour éviter les abus et assurer une distribution plus juste des ressources.

Au-delà de la régulation interne, la réouverture complète de la frontière avec le Bénin constitue une priorité. En rétablissant les circuits commerciaux habituels, cette mesure permettrait de réduire les coûts logistiques et d’alléger la pression sur les prix. Toutefois, il faut également adopter une politique ambitieuse visant à stimuler l’investissement dans les infrastructures locales et à développer la production nationale. La diversification des sources d’approvisionnement et le soutien à la production locale sont des leviers vitaux pour rendre l’économie plus résiliente face aux fluctuations mondiales.

A quelques semaines du mois béni de Ramadan, le gouvernement doit rapidement mettre en place des réformes structurelles ambitieuses. La lutte contre la spéculation, une régulation plus stricte des marchés seront des éléments clés pour restaurer la confiance des citoyens et réduire les inégalités économiques. Le peuple nigérien, déjà lourdement affecté par l’inflation, attend des mesures concrètes et efficaces pour alléger son fardeau et offrir à l’économie nationale des perspectives plus stables et plus équitables.

La situation socio-économique actuelle du Niger nécessite des réponses profondes et durables, non seulement pour stabiliser les prix, mais aussi pour instaurer un environnement économique plus juste et plus résilient. Le gouvernement, s’il prend des décisions stratégiques et courageuses, pourrait ouvrir la voie à une sortie progressive de cette crise.

Mahamadou Tahirou

L’Autre Républicain du jeudi 9 janvier 2025

Related Articles

Stay Connected

0FansJ'aime
3,912SuiveursSuivre
0AbonnésS'abonner
- Advertisement -spot_img

Derniers Articles