Issoufou Mahamadou est tenaillé par une irrépressible obsession, celle de partager le podium avec les grands hommes de l’Histoire. Va-t-il y parvenir ? Rien n’est moins sûr. Mais il est certain que l’Histoire a déjà retenu le nom de code ⌠T3⌡ attribué à l’ancien chef de l’État par le quotidien Africa intelligence. Dans un article paru en avril 2023 et intitulé « De Niamey à Lagos, sur les traces des millions perdus d’Areva dans Uranium Gate », Africa Intelligence croit savoir que Issoufou Mahamadou figure parmi les bénéficiaires des grosses rétro-commissions issues de l’affaire de vente à perte d’uranium par Areva en 2011. « Ces allégations sont dépourvues de tout fondement et portent violemment atteinte à la dignité, à l’honneur et à la considération du président Issoufou Mahamadou qui n’a, à aucun moment, participé à une quelconque transaction avec les sociétés ou personnes citées dans ledit article », se sont indignés les avocats de « T3 » lesquels ont décidé de porter plainte contre Africa Intelligence. Voilà qui écorne irrémédiablement l’image de ‘’dirigeant irréprochable à tous points de vue » que s’est donné Issoufou Mahamadou durant ses deux mandats aux commandes de l’État. Nul besoin d’être un clinicien de haut vol pour déceler le syndrome du héros dont souffre l’ex président de la République. Ce dernier est constamment en quête de reconnaissance. Il s’est toujours drapé dans un héroïsme de façade. Ne s’est-il pas auto-attribué le sobriquet de ‘’Zaki’’ ⌠le lion⌡ pour créer un mythe autour de sa personne ? De l’éclatement de l’Alliance des Forces du Changement (AFC) en 1994 au départ du Moden FA Lumana de la majorité présidentielle en 2013, Issoufou Mahamadou a été, d’une manière ou d’une autre, le déclencheur des crises politiques majeures post conférence nationale. Il adore créer des situations politiquement néfastes pour le Niger dans le seul dessein de se donner le beau rôle par après. Il aime se mettre dans la peau d’un preux chevalier, le sauveur de la nation en péril. Son implication présumée dans les événements du 26 juillet 2023 s’est transformée en certitude absolue pour nombre d’observateurs du sérail politique nigérien. En août 2020, on a vu Issoufou Mahamadou condamner « avec la plus grande fermeté la tentative de renversement par des militaires putschistes du gouvernement démocratiquement élu du Président Ibrahim Boubacar Keïta ». Curieusement, ‘’Zaki’’ est resté de marbre quand son « ami de 30 ans » s’est retrouvé séquestré par des militaires. Le sort de Bazoum Mohamed et sa famille ne préoccupe point Issoufou Mahamadou qui cherche plutôt à tourner à son avantage le coup de force du général Tiani. Ghousmane Abdoulmoumoune, un des porte-flingues de l’ex chef de l’État, a récemment évoqué un ‘’début de solution’’ à la crise en cours au Niger si la CEDEAO ne « demande plus à ce que l’ancien président Bazoum soit rétabli dans ses fonctions de président (…) », a-t-il déclaré sur RFI. En clair, Issoufou Mahamadou, qui n’a jamais condamné l’irruption de l’armée au sommet de l’État, envisage très clairement « l’après Bazoum ». Il ne s’en cache pas du tout. Moussa Tchangari, Secrétaire général de l’association Alternative Espaces Citoyens, l’a dit : « Le président Bazoum n’a pas eu le soutien de son propre camp ». Il a été lâché par Issoufou Mahamadou, pour être clair. Ce dernier se livre à un jeu qui ne trompe personne, il veut se poser en acteur incontournable du dénouement du blocage dont il serait l’auteur selon plusieurs sources. « Il y a loin de la coupe aux lèvres », dit l’adage. Autrement dit, entre le souhait que caresse Issoufou Mahamadou et sa réalisation, il y a un énorme fossé que ne sauront combler les petites combines dirigées contre Bazoum Mohamed. ‘’Zaki’’ n’a certainement pas toutes les cartes en main. Le PNDS. La désillusion risque d’être grande pour lui.
Sidi Tiégoum