Sans aucun doute, les Nigériens, dans leur immense majorité, ont poussé un ouf de soulagement après les décisions des sommets des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et de l’UEMOA qui levaient les sanctions économiques et financières contre le Niger suite au coup d’Etat du 26 juillet 2023. Des décisions salutaires destinées à soulager les Nigériens qui ont durement vécu ces sanctions dans leur chair.
Nul doute aussi que la CEDEAO et l’UEMOA ont joué leur partition, en faisant preuve de dignité et d’élévation d’esprit pour ne tenir compte que des seuls intérêts du peuple nigérien. Leurs décisions sont en faveur du peuple nigérien. En principe, ceux qui clament urbi et orbi que leur combat s’inscrit dans la sauvegarde des intérêts du peuple auraient dû se réjouir de ces décisions tant elles allaient dans le sens de ce combat à commencer par le CNSP.
Curieux que cela puisse paraitre : aucune communication du CNSP ou du gouvernement n’a été faite à ce jour pour prendre acte de ces décisions, et travailler à les opérationnaliser au bénéfice des Nigériens. En voulant faire de cela un non-événement, on peut légitimement croire que le CNSP ne s’est pas réjoui de ces décisions au moment où les citoyens, eux, se congratulaient ici et là.
Sans doute que la levée de ces sanctions pose un choix cornélien au CNSP, lui qui a décidé de retirer le Niger de la CEDEAO alors que les intérêts économiques du Niger sont liés à ceux des pays membres de cette Organisation. Rappelons que le Mali et le Burkina Faso, les deux autres pays de l’AES, ne sont pas concernés par les mêmes types de sanctions infligés au Niger. C’est dire qu’il y a une différence d’intérêts au sein de l’AES car les pays n’étant pas logés à la même enseigne.
Le CNSP doit-il se réjouir pour être plus proche des intérêts du peuple ou faire comme si de rien n’était et faire plaisir à ses soutiens les plus radicaux, qui sont en total déphasage avec les préoccupations élémentaires des citoyens ? Pourtant, le choix est simple pour le CNSP sauf qu’il le met face à ses propres responsabilités, face à lui-même.
En effet, désormais, il n’a plus de prétexte pour ne pas faire face aux problèmes que lui posent les Nigériens. Il ne pourra plus dire que ses capacités sont limitées en raison des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA. Il sait que désormais l’état de grâce dont il a bénéficié est derrière lui. Les Nigériens sont en droit de lui demander des comptes. Les demandes sociales sont aussi là, et il faut les résoudre : emploi des jeunes, cherté de la vie, insécurité, déficits céréalier et fourrager, paiement des salaires, des bourses et pensions à terme échu, rehaussement du SMIG à partir de janvier 2024 conformément à l’engagement pris par le président Bazoum, etc.
Les attentes sont aussi fortes dans le domaine de la gouvernance ; le CNSP le sait bien. Il peine à convaincre à ce niveau, et ce qui fait que les espoirs que certains ont portés en lui sont en train de s’envoler. Un peuple ne peut pas se nourrir à coups de propagande, de propos populistes, de déclarations et de marches de soutien, d’interviews aussi longues qu’inopportunes, de réunions de vulgarisation de la parole de Tiani, etc. Il faut des actes, encore des actes et toujours des actes.
La rédaction
L’Autre Républicain N°003 du jeudi 29 février 2024