Depuis la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger, les populations des deux pays ont été confrontées à des obstacles d’une ampleur inégalée. En dépit des mesures restrictives édictées par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) à l’encontre du Niger, suite au putsch survenu en juillet 2023, les échanges transfrontaliers ont perduré de manière non officielle par le biais du fleuve Niger, conférant ainsi aux citoyens une dépendance à cette voie de communication essentielle. Cette situation a mis en lumière la résilience et l’ingéniosité des populations locales à surmonter les obstacles imposés par les circonstances politico-économiques.
La décision ultime du président Patrice Talon de fermer définitivement la frontière, même celle traversant le fleuve, a été un coup dur pour les populations des deux côtés. Les récits poignants des familles séparées, des commerçants bloqués et des voyageurs pris au piège illustrent le calvaire quotidien vécu par ces populations. Les conséquences économiques de cette fermeture se font sentir avec une baisse drastique des activités commerciales, la raréfaction des produits alimentaires de base et la stagnation des échanges entre les deux pays.
La conjoncture actuelle s’est avérée être d’une insoutenable gravité pour de multiples foyers, dont les ressources financières sont intimement liées aux flux transfrontaliers. Les segments de la société les plus fragiles, à savoir les jeunes conducteurs de taxi-moto, les piroguiers et les commerçants, subissent de plein fouet les impacts dévastateurs de cette situation de crise qui perdure. En effet, ces individus se retrouvent confrontés à une détresse économique sans précédent, les privant ainsi de moyens de subsistance essentiels. Par conséquent, il est impératif de mettre en place des mesures d’urgence afin de prévenir une aggravation de la situation et d’atténuer les effets néfastes sur ces catégories vulnérables de la population.
Aussi, la fermeture de la frontière a contraint de nombreux exodants nigériens en provenance d’autres pays de la sous-région à rester bloqués, tandis que d’autres prennent des risques inconsidérés en empruntant des voies illégales pour tenter de contourner le blocus. Cette situation met en lumière le désespoir et la détresse des populations prises au piège de cette crise politique.
Il est impératif que les dirigeants des deux pays mettent de côté leurs divergences politiques et leurs égos, et se concentrent sur les besoins des populations touchées par cette situation. Les deux peuples sont condamnés à vivre ensemble, et il est de la responsabilité des dirigeants de trouver une solution pacifique et durable pour mettre fin à ce calvaire qui dure depuis trop longtemps.
La fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger a eu des conséquences dévastatrices pour les populations des deux pays, qui se retrouvent prises en otage par des enjeux politiques et économiques. Il est temps pour les dirigeants de prendre des mesures concrètes pour résoudre cette crise et soulager les souffrances des citoyens qui en paient le prix le plus fort.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 30 Mai 2024