Cette année, les prévisions météorologiques ont annoncé une saison des pluies exceptionnellement humide. Ces prévisions n’ont pas été démenties. Il pleut abondamment sur le pays atteignant même des hauteurs de pluie de plus de 200 millimètres en une journée. Conséquences : il a été enregistré des morts par noyade ou effondrement de maisons, des blessés, des pertes d’animaux, et d’autres dégâts matériels.
Les statistiques de la Direction Générale de la Protection Civile, à la date du 22 juillet 2024, parlent d’elles-mêmes : sur l’ensemble du pays,il a été enregistré 60 morts, autant de blessés, près de 11.000 têtes de bétail décimées, 37.913 personnes sinistrées, 3.518 maisons effondrées, etc. Selon le scénario 2024 basé sur le plan de contingence sur les inondations 2023-2025, rapporté par OCHA, l’organisme des Nations-Unies chargé des affaires humanitaires, c’est environ 247 192 personnes soit 35 313 ménages, qui pourraient être touchées par les inondations.
Les inondations au Niger ne sont pas seulement un phénomène saisonnier ; elles représentent une menace existentielle pour des milliers de familles qui, chaque année, voient leur quotidien bouleversé. Avec l’augmentation des précipitations due aux changements climatiques, la situation devient de plus en plus alarmante, transformant des localités entières en zones de désolation.
Les inondations ne sont pas seulement des catastrophes naturelles ; elles sont également des crises sociales qui plongent des communautés entières dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Les effets des inondations vont au-delà des pertes humaines et matérielles. Elles entraînent également des conséquences psychologiques et sociales. Les familles qui perdent leurs maisons et leurs terres doivent faire face à un traumatisme durable. De plus, la stigmatisation des sinistrés peut les isoler davantage, rendant leur réinsertion dans la société encore plus difficile.
La situation est exacerbée par l’insuffisance de mesures préventives et d’interventions efficaces. Malgré les avertissements des experts concernant l’intensification des phénomènes climatiques, les infrastructures au Niger restent obsolètes pour faire face à l’ampleur des inondations. Les efforts de réhabilitation et de construction de logements durables sont souvent entravés par des ressources limitées ou des velléités de construire dans des zones inondables. Les fonds destinés à la prévention sont souvent mal utilisés, et les aides humanitaires, bien que cruciales, arrivent fréquemment trop tard pour être vraiment efficaces.
Il est impératif que le gouvernement nigérien mette en place des stratégies plus robustes au-delà des plans de contingence pour atténuer les impacts des inondations. Cela inclut la construction de systèmes de drainage adéquats, la mise en place de programmes de sensibilisation des populations aux risques d’inondation, ainsi que le développement de cultures résilientes face aux aléas climatiques. De plus, un suivi régulier des prévisions saisonnières et un système d’alerte précoce de pointe peuvent sauver des vies en permettant aux communautés de se préparer et de réagir rapidement.
Il est également essentiel de renforcer les capacités des communautés locales en matière de gestion des risques. Les populations doivent être impliquées dans la planification des réponses humanitaires et la mise en œuvre des projets de développement. Celles-ci sont les mieux placées pour comprendre leurs besoins et les solutions qui peuvent être mises en œuvre.
Les inondations au Niger ne sont pas un simple phénomène climatique ; elles sont le reflet d’une vulnérabilité structurelle exacerbée par des facteurs environnementaux et sociaux. Sans une action concertée pour renforcer la résilience des communautés, le Niger continuera de faire face à des drames humains déchirants, année après année. La solidarité nationale et internationale est plus que jamais nécessaire pour éviter que ces catastrophes ne deviennent la norme et pour garantir un avenir meilleur aux générations futures.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 25 juillet 2024