Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, plusieurs proches du président Mohamed Bazoum ont fait l’objet d’interpellations voire d’incarcération. La semaine dernière encore, des membres du PNDS, jugés proches de Bazoum, ont été interpellés par les services de la DGDSE, apprend-on.
Ils étaient quatre à être interpellés. Il s’agit de Dr Ibrahim Mamane, ancien directeur général de la Société Nigérienne du Pétrole (SONIDEP), Halid Alhassane, ancien directeur général de la Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC), Boubacar Sabo, membre du présidium du PNDS et Mahaman Taher. En début de cette semaine, on a appris la libération de trois d’entre eux sauf Boubacar Sabo. Pour l’heure, on ne connait pas ce qui leur est reproché pour justifier leur interpellation.
Cependant, ces quatre personnalités ne sont pas les seules à faire les frais de cette vague d’interpellations. De nombreux autres proches de Bazoum, y compris des membres de sa famille, sont en détention depuis les premières heures du coup d’État. Leur détention prolongée sans charges claires jette une ombre sur le respect des droits humains et des principes fondamentaux de l’Etat de droit que le CNSP s’est engagé à respecter.
La récente annonce de la libération de quatre anciens ministres, bien que saluée par certains, ne fait qu’ajouter à la confusion. Après un suspense insoutenable de près d’une semaine, marqué par des déclarations contradictoires de leurs avocats et de leurs vis-à-vis, ces anciens membres du gouvernement gardent toujours prison.
Qu’est-ce qui peut justifier ce refus d’exécution d’une décision de justice ? Est-ce l’appel du général Tiani pour une justice indépendante sera entendu ? La transparence doit prévaloir dans un contexte déjà empreint de méfiance.
Les propos du général Tiani, au cours de son entretien sur Télé Sahel, sont révélateurs. En affirmant que les juges doivent rendre la justice en toute indépendance, il semble vouloir se démarquer des accusations de manipulation politique même si certains analystes se demandent si la levée expéditive de l’immunité de Mohamed Bazoum n’en est pas une.
La situation actuelle du Niger appelle à une réflexion profonde sur la nature du pouvoir et la place de l’opposition dans la vie politique. Au regard de cette vague d’interpellations, tout semble indiquer que le CNSP est plus préoccupé par la consolidation de son pouvoir que par la mise en place d’un dialogue constructif et d’une gouvernance transparente et démocratique.
Le retour à une démocratie véritable et au respect de l’État de droit ne peut être réalisé que si tous les acteurs, y compris le CNSP, reconnaissent l’importance de l’inclusivité et du dialogue. Les jours et les semaines à venir seront déterminants pour comprendre si le Niger choisira la voie de la réconciliation ou non. Les familles des détenus, le peuple nigérien et la communauté internationale surveillent attentivement la situation, espérant une issue favorable qui restaurera la dignité humaine et le respect des droits fondamentaux.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 8 aout 2024