Enfin Issoufou Mahamadou apparaît au grand jour à travers l’interview qu’il a accordée au média « Notre Afrik ». Cette sortie met en évidence la démarche flottante voire contradictoire de l’ancien président : hier partisan de l’alternance démocratique, aujourd’hui adepte voire parrain des forfaitures au Sahel ou ruptures démocratiques. Dans cette interview, Issoufou Mahamadou a déclaré sans vergogne que ‘’la limitation des mandats présidentiels est un problème en Afrique’’ (sic) !
Pour relever un passage qui l’accable sans s’en rendre compte, dans une interview parue dans Jeune Afrique le 2 avril 2017, Issoufou déclarait ceci : « Moi, je suis un démocrate dans l’âme (…) je n’ai pas cette arrogance de penser que je suis un homme providentiel irremplaçable. Le Niger a besoin d’institutions démocratiques fortes, pour cela, il faut qu’il y ait une respiration démocratique avec des alternances». (https://www.jeuneafrique.com/424251/politique/niger-president-issoufou-assure-quil-ne-briguera-de-troisieme-mandat/).
Aujourd’hui, il déclare le contraire en disant que la limitation des mandats présidentiels est un problème en Afrique. Quelle version faut-il retenir ? Souffre-t ‘il d’amnésie ou d’incohérence ? Pour rafraichir la mémoire à l’ancien président qui affiche son vrai visage en dépit d’une alternance qui s’était imposée à lui, comme qui dirait, il y a lieu de faire remarquer que :
– Le Soudan, le Gabon et la Guinée étaient des pays où le mandat présidentiel était illimité. Cela n’a pas empêché qu’il y ait des coups d’État.
– Au Mali, les coups d’État intervenus en 2012 et 2020 avaient eu lieu sans que les présidents en place n’aient fini leur second mandat.
– Pareil pour le Burkina où le président venait seulement d’entamer son second mandat.
Quand Issoufou pose en l’occurrence ce problème de limitation des mandats présidentiels, il ne songe qu’au cas du Niger où il y a eu une alternance. En disant cela, il insinue que le coup d’État du 26 juillet 2023 a eu lieu du fait d’une alternance malheureuse. Malheureusement, pour lui, c’était le seul coup d’Etat qui n’avait pas été l’épilogue d’une crise politique, sociale ou sécuritaire. Le seul coup d’État non motivé par les faits mais par la volonté d’un homme qui n’est autre que lui-même.
En évoquant de cette façon si inappropriée la problématique de la durée des mandats présidentiels, il fait un aveu qui vaut une auto-dénonciation et confirme sans se rendre compte ce que chacun sait, à savoir qu’il est l’instigateur du coup d’État du 26 juillet. D’ailleurs, le projet de Constitution qu’on lui prête serait à sa mesure en portant le mandat présidentiel à 7 ans renouvelable indéfiniment. On le voit, Issoufou Mahamadou a cessé d’être un démocrate, subitement il rêve de revenir aux affaires dans le rôle d’un Poutine ou son ami turque, Recep Tayyip Erdoğan pour ne pas le nommer.
A bien lire entre les lignes, en dépit de sa profession de foi, Issoufou Mahamadou a quitté le pouvoir à contrecœur. Son agenda était autre que ce qu’il a déroulé avec le passage de témoin à Mohamed Bazoum comme successeur. Avec le recul, il sort du bois pour afficher son vrai visage à savoir un adepte de la monarchisation du pouvoir.
Il n’a pas tort, ce docte musulman qui a conseillé de se garder de prendre comme modèle un homme tant qu’il est vivant. Issoufou Mahamadou est un exemple vivant qui illustre bien cette boutade. La postérité retiendra pour l‘Histoire, au lieu de se battre pour les valeurs démocratiques et républicaines, Issoufou Mahamadou a plutôt opté de ramer à contre courant de l’Histoire. Sa nouvelle posture prouve à suffisance qu’il est prêt à tout sacrifier pour sauver sa peau. Son héritage politique n’est que quantité négligeable. Son ami de 30 ans est victime d’un coup d’Etat, pris en otage depuis 16 mois, pendant que Issoufou mène une vie de pacha et se pavane en grand seigneur. Mohamed Bazoum et son épouse pourraient mourir dans leur cellule au sein du palais présidentiel, cela ne fait ni chaud ni froid à Issoufou Mahamadou. Bien au contraire. Son agenda, c’est désormais tout sauf Bazoum et ses soutiens. On comprend aisément le sort réservé aujourd’hui aux combattants de la liberté et …..de la démocratie.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 14 novembre 2024