Contre toute attente, le gouvernement souverainiste du colonel Assimi Goïta du Mali, porte-étendard de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), a lancé un appel à l’aide internationale pour faire face aux conséquences dévastatrices des inondations. A l’inverse, la junte nigérienne, a, elle, décidé de compter sur ses propres moyens avec 2 milliards FCFA immédiatement décaissables et 10 autres milliards qui seront prévus dans un prochain collectif budgétaire. Alors qu’il s’agit de faire face à l’urgence.
On se rend compte que sur la réponse à apporter à la crise humanitaire qui découle des inondations, les Etats de l’AES n’ont pas la même approche. Le souverainisme peut faire bon ménage avec le réalisme politique pour des Etats fragiles déjà en proie à la fois aux problèmes de sécurité et de développement.
Sur des questions régaliennes comme celle des inondations, l’AES n’est pas capable de créer de la cohérence dans ses approches et positions. Les populistes du Mali ont compris cette vérité qui transcende le temps, qui veut que les Etats tiennent plus à leurs intérêts qu’à des discours creux et vagues sur l’indépendance. Les Etats sont tenus par leurs intérêts, et rien d’autre.
Au Niger, ce n’est pas la même approche. Il y a presque un an, la Coordinatrice résidente humanitaire des Nations-Unies a été déclarée persona non grata. La junte nigérienne a ainsi protesté contre l’interdiction faite à son ministre des Affaires étrangères de mettre pied dans la salle à l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations-Unies. Depuis lors, le Secrétaire général des Nations-Unies n’a pas nommé son remplaçant.
En cette matière, c’est une vision stratégique fondée sur la rationalité qui importe, et non des appréciations personnelles. Car il s’agit de gérer l’Etat et ses intérêts.
Il y a presque un an que les juntes du Burkina, du Mali et du Niger ont décidé de créer l’AES, censée remplacer la CEDEAO, une communauté économique et bientôt financière, considérée comme l’une des communautés régionales africaines les plus dynamiques. Raisonnablement, peut-on substituer l’AES, en quête d’orientations et de vision claire, à la CEDEAO, qui, malgré quelques faiblesses, est une organisation cinquantenaire qui fait les preuves de sa pertinence ?
Dans les relations internationales actuelles, il n’y a nulle place pour l’autarcie ou le repli sur soi. C’est l’ouverture aux autres dans une logique de complémentarité qui constitue la boussole des Etats qui savent là où se situent leurs intérêts. En d’autres temps, le Niger aurait pu obtenir le poste de Directeur régional Afrique de l’OMS s’il n’a pas fait le choix de l’isolement. Les grands ensembles aident aussi à obtenir des résultats dans le placement des cadres, ce d’autant plus que le candidat présenté par le Niger a les compétences techniques et professionnelles requises.
En un mot comme en cent, on doit retenir qu’aucun pays ne se suffit à lui-même quelle que soit sa puissance économique, industrielle ou militaire car une fois de plus il n’existe pas un seul pays au monde qui n’aspire pas à la souveraineté. C’est donc de la pure tautologie que de clamer à tout bout de champ son souverainisme. Par contre, l’isolement est la pire des options pour un pays.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 12 septembre 2024