Les journées des 18 et 19 novembre 2024 seront inscrites dans les annales de l’éducation au Niger, marquées par une grève générale des enseignants contractuels. Organisée par la Dynamique des syndicats du secteur de l’éducation et de la formation (DSSEF) et la Coalition des syndicats de l’éducation et de la formation professionnelle (COSEFP), cette action a été largement suivie sur l’ensemble du territoire national. Les enseignants, unis dans leur exigence de reconnaissance et de respect de leurs droits, ont fait entendre leur voix malgré le silence du gouvernement.
Les raisons de cette grève sont multiples et profondément ancrées dans une frustration accumulée. En effet, le protocole d’accord signé le 15 février 2022 par le gouvernement et les syndicats, qui stipulait des engagements en faveur de l’ouverture du recrutement des enseignants contractuels à la fonction publique et la reprise des paiements des rappels sur salaire, n’a pas été respecté. Les syndicats, à travers un préavis de grève, ont expliqué que leur décision est la conséquence directe du refus du gouvernement de dialoguer sur ces problématiques essentielles.
Le 13 novembre 2024, dans un communiqué adressé aux autorités gouvernementales, les représentants des syndicats ont clairement posé leurs attentes : l’ouverture des recrutements des enseignants à la fonction publique et la reprise des paiements des rappels sur salaire. Ils ont indiqué que, faute de réponse satisfaisante de la part du gouvernement, ils n’hésiteraient pas à exercer leur droit de grève, faisant du 18 et 19 novembre un moment décisif dans la lutte pour la dignité des enseignants au Niger.
Ce mouvement a reçu un soutien indéfectible de la part de deux centrales syndicales très représentatives, à savoir la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN) et la Confédération Nigérienne du Travail (CNT). Dans leurs déclarations respectives, ces organisations ont exprimé leur solidarité avec les grévistes, soulignant l’injustice et les travers administratifs en cours dans le secteur de l’éducation. Le Bureau Exécutif National de la CDTN a notamment encouragé les grévistes à poursuivre leur lutte pour la défense de leurs intérêts, tandis que la CNT a dénoncé l’absence de dialogue avec le gouvernement, rappelant que cette situation est contraire aux dispositions de l’ordonnance N°96-009 du 31 mars 1996, qui régule l’exercice du droit de grève.
Les conséquences de cette grève se sont fait sentir dans tout le pays, avec des milliers d’écoles fermées et des élèves empêchés d’accéder à l’éducation. Cette situation a mis en lumière non seulement les défis auxquels font face les enseignants contractuels, mais également l’impact sur l’avenir éducatif des jeunes nigériens. La mobilisation des enseignants témoigne d’un besoin urgent de réformes et d’engagements concrets de la part du gouvernement pour restaurer la confiance et améliorer les conditions de travail.
Il faut que les autorités prennent en compte les revendications légitimes des enseignants et ouvrent un dialogue sincère afin de garantir à chaque élève un accès à une éducation de qualité. En l’absence d’actions concrètes, la grève des 18 et 19 novembre 2024 pourrait n’être qu’une première étape vers une mobilisation plus large, précipitant ainsi une crise éducative déjà latente.
Ce conflit montre que la lutte pour la reconnaissance des droits des enseignants au Niger est loin d’être terminée. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si le gouvernement choisira la voie de la raison ou s’il continuera d’ignorer les appels à un dialogue social. La communauté éducative, unie et résiliente, est prête à défendre ses droits jusqu’à ce que des solutions durables soient trouvées, nous a confié un responsable des syndicats des contractuels.
Mahamadou Tahirou